Alain de Beco posted in the group Oceanie
L’Océanie est un ensemble géographique dont les frontières sont discutées, mais qui regroupe généralement l’Australie, la Nouvelle-Guinée, la Mélanésie, la Micronésie et la PolynésieNote 1.
Le peuplement préhistorique de l’Océanie s’est fait à travers deux grands mouvements d’expansion. Le premier s’est produit il y a 50 à 70 000 ans, et a amené des Homo sapiens chasseurs-cueilleurs venus d’Asie continentale à peupler l’Insulinde, puis l’Océanie proche, c’est-à-dire la Nouvelle-Guinée, l’Australie, et certaines îles de la Mélanésie.
La seconde vague est plus récente et débute il y a environ 6 000 ans. Elle amène des agriculteurs et navigateurs venus de Taïwan et parlant des langues austronésiennes à peupler l’Insulinde, c’est-à-dire les Philippines, la Malaisie, et l’Indonésie. Depuis les iles orientales de l’Indonésie, ces navigateurs austronésiens se dirigent, à partir de 1 500 ans av. J.-C., vers la Nouvelle-Guinée et la Mélanésie, puis vers les îles de l’Océanie lointaine. Ils sont les premiers à atteindre la Micronésie et la Polynésie. Le peuplement des Tonga, à l’ouest de la Polynésie, a lieu il y a environ 3 300 ans. Il y a peut-être un millénaire, ils atteignent même l’Amérique du Sud. Enfin, partis peut-être de Bornéo plus à l’ouest, des Austronésiens parlant des langues grand barito ont atteint il y a 1 500 ans l’île africaine de Madagascar, qui devint ainsi, sur le plan linguistique, la quatrième grande île austronésienne.
Tout au long de ce parcours, les populations de la première et surtout de la seconde vague de peuplement se sont assez largement métissées, tant sur le plan culturel que génétique. Si la recherche actuelle a mis en évidence au moins deux vagues de peuplement d’hommes modernes, elle n’exclut pas totalement l’hypothèse d’une vague intermédiaire.
La question de l’origine des Océaniens a été l’un des thèmes majeurs de la recherche océanienne depuis le xixe siècle. Si on a aujourd’hui, grâce à l’archéologie, la linguistique, l’ethnolinguistique, l’ethnobotanique, et la génétique, une réponse à peu près cohérente à cette question, de nombreux points restent encore en suspens.