Le bras de fer entre Donald Trump et Bill Gates derrière la guerre contre le virus
14 AVR. 2020
PAR EMMANUEL.GLAIS
BLOG : LE BLOG DE EMMANUEL.GLAISLes journalistes accrédités ont déjà largement critiqué Trump et Pence, qui ont longtemps tardé à encourager la distanciation sociale et continué à serrer virilement des mains. Nous nous concentrerons sur un débat qui divise les Etats-Unis, que l’on peut simplifier ainsi : les partisans de la chloroquine et de la liberté de mouvement s’opposent à ceux du confinement et du vaccin.
Brève histoire étasunienne de la chloroquine contre le Covid-19
Les deux hommes doivent se détester. Bill Gates s’était moqué de Donald Trump après avoir été reçu à la Maison Blanche. Trump lui aurait demandé si les virus HIV (sida) et HPV (virus du papillome humain) étaient la même chose. L’anecdote explique peut-être en partie les attaques de Trump contre l’OMS, dont Gates est le deuxième financeur.
Le 19 mars, Donald Trump défendait la chloroquine (pour simplifier, nous ne assimilerons chloroquine et Hydroxychloroquine). Certains de ses opposants l’ont accusé d’avoir parlé trop vite. Pourtant, après les Chinois, des médecins Coréens avaient utilisé la chloroquine (employé quand les symptômes sont légers ou moyens) avec satisfaction dès début février1.
Le vice-président de l’OMS, Bruce Aylward, n’avait pas pris plus de précaution pour recommander le Remdésivir. Le 24 février, sans attendre les premiers résultats des tests, il prenait parti pour le traitement breveté par Gilead. Le lendemain Didier Raoult faisaient ses premières déclarations publiques pour la chloroquine
Médias, opposants, ou figures du showbiz (ex : Alyssa Turner) ont cru bon de dénoncer l’intérêt que Trump, qui détient des parts de Sanofi, aurait à favoriser la chloroquine. Mais Trump, qui a de l’argent un peu partout, détiendrait tout au plus 435$ de parts chez Sanofi. Étrangement, personne ne l’accuse pour la collaboration du ministère de la santé américain avec Sanofi pour chercher un vaccin, annoncée le 18 février.
Les gouverneurs démocrates du Nevada et du Michigan, par réflexe anti-Trump ou pour sécuriser les doses nécessaires au traitement du lupus, de l’arthrite ou de la maladie de lyme, ont pris des mesures pour limiter l’emploi de la chloroquine. Le Michigan a depuis assoupli sa position. Pas le Nevada, qui a paradoxalement acheté de la chloroquine en prévention pour ses prisonniers. En tout cas, Mylan a relancé sa production de chloroquine à Pittsburgh (Pennsylvanie) et en Angleterre.
Cependant, les Etats-Unis dépendent largement des produits pharmaceutiques asiatiques. Le 7 avril, Trump obtenait de l’Inde une levée de son interdiction d’exporter chloroquine et paracétamol.
Accusations des pro-Trump envers Fauci et Gates
Tucker Carlson de Fox news (télé pro-Trump), a accusé Dr Anthony Fauci, directeur de l’Institut national des allergies et maladies infectieuses de vouloir tuer l’économie. Fauci, après avoir minimisé le risque en janvier et février, avait ensuite subitement annoncé deux millions de morts aux Etats-Unis pour défendre le confinement au sein de la Task Force pilotée par Mike Pence. Pour Tucker Carlson, le chômage de masse et l’appauvrissement généralisé risquent de tuer indirectement davantage que le Covid-19.
Les accusations les plus graves visant Fauci concernent sa proximité avec Bill Gates2, qui annonce vouloir tester à grande échelle des puces sous cutanées détenant des informations sur l’immunité au Covid-19 des personnes, afin de lever le confinement en toute sécurité.
Si Bill Gates en parle depuis des lustres, les puces semblent fin prêtes. Le 18 décembre 2019, le MIT (financé par Gates via Jeffrey Epstein) était prêt à développer une puce détenant les informations vaccinales du porteur. Certes, l’article ne parle pas de puce, chip en anglais, mais de colorant, dye. Dans les faits, il s’agit de nanocristaux de cuivre appelés « quantum dots » (boîtes ou points quantiques en français) émettant une couleur infrarouge. Ces nanocristaux, encapsulés dans des polymères biocompatibles puis injectés par des micro-aiguilles, pourraient rester au moins cinq ans sous la peau. Le seul argument justifiant ces puces, explicitement destinées aux pays africains, est d’ordre technique. Elles permettraient de parer aux lacunes des services de santé des pays qui ne centralisent pas correctement les informations vaccinales.
L’influence de Bill Gates sur l’OMS, deuxième contributeur par sa fondation, après les Etats-Unis (et donateur indirect à travers GAVI3, quatrième donateur derrière l’Angleterre) inquiète depuis longtemps. En témoigne un documentaire de 2016 diffusé par Arte de Juttat Pinzler et Tatjana Mischke : « L’OMS dans les griffes des lobbyistes ».
Le 16 mars, le premier vaccin-candidat contre le Covid-19 a été administré par Moderna, société dirigée par le français Stephane Bancel. L’entreprise avait reçu 20 millions de dollars de la Gates Foundation en 2016.
Le 6 avril, un second vaccin candidat contre le Covid-19 a été administré à des volontaires par Inovio Pharmaceuticals, société également financée par Bill Gates. Elle prévoit de fabriquer un million de doses d’ici la fin de l’année.
Si l’efficacité de la chloroquine se confirme dans les semaines à venir, alors Trump aura un argument de plus pour critiquer l’État profond et justifier son action pendant la crise sanitaire.
En tout cas, la peur suscitée par les réactions étatiques et technologiques rapproche les libertariens (Républicains mouvance Ron Paul) et les francs-tireurs, comme Edward Snowden, qui craignent la disparition des dernières libertés individuelles.
1. “If more than 10 days have passed since the onset of the illness and the symptoms are mild, physicians do not have to start an antiviral medication, the task force said.”
2. Fauci et Gates ont travaillé ensemble au Global Vaccine Action Plan, partenariat public-privé entre notamment l’OMS, l’Unicef et le Bill & Melinda Gates Foundation.
3. Global Alliance for Vaccines and Immunization
Le bras de fer entre Donald Trump et Bill Gates derrière la guerre contre le virusLes journalistes accrédités ont déjà largement critiqué Trump et Pence, qui ont longtemps tardé à encourager la distanciation sociale et continué à serrer virilement des mains. Nous nous concentrerons sur un débat qui divise les Etats-Unis, que l’on peut simplifier ainsi : les partisans de la chloroquine et de la liberté de mouvement s’opposent à ceux du confinement et du vaccin.